Cet article s’intéresse aux usages et à la pertinence de la notion d’ignorance dans les recherches contemporaines en alimentation. L’analyse de la littérature nous conduit à distinguer trois mécanismes de production de l’ignorance : 1) l’ignorance comme ressort psychologique individuel face aux situations de dissonance cognitive, avec le « paradoxe de la viande » ; 2) l’ignorance organisée et produite par des acteurs du domaine agro-alimentaire aux États-Unis, en vue de peser sur le débat scientifique et la représentation que se fait le grand public des effets du sucre sur la santé ; 3) l’ignorance comme épistémicide en analysant les processus qui ont présidé et président encore à la disparition de savoirs traditionnels en alimentation détenus par les peuples autochtones du Canada. Dans chacun des cas, nous pointons des actions ou initiatives permettant d’enrayer ces mécanismes de production de l’ignorance.