L’ignorance est depuis plus d’une vingtaine d’années une thématique de recherche en vogue aussi bien en sociologie, en philosophie, en histoire ou en anthropologie, donnant lieu à une littérature foisonnante. Cet article propose de reconsidérer de manière critique les apports et les limites des études de l’ignorance. Il cherche à rendre compte de ce que les travaux réalisés, en particulier ceux produits dans le cadre de l’agnotologie, de la nouvelle sociologie politique des sciences et de l’étude de l’ignorance stratégique, ont permis faire émerger. Il montre comment ces travaux, autant qu'ils ont renouvelé les questions investies, ont également réduits et laissé dans l'ombre plusieurs aspects. Sur cette base, il propose de dépasser certaines de ces limites en approfondissant les pistes déjà ouvertes par les Ignorances Studies en élargissant la focale pour renouveler et élargir les études de l’ignorance dans leur diversité, en travaillant à clarifier les dynamiques complexes qui lient ignorances, savoirs, et incertitudes dans différentes configurations.