Cette thèse analyse les transformations d'un monde social -celui de l'hémophilie -bouleversé par une crise majeure: l'affaire du sang contaminé qui a suivi la contamination par le virus du sida d'un grand nombre de patients traités par dérivés sanguins. Après des procès très médiatisés, cette affaire s'est close, d'un point de vue judiciaire, en 2003 par un non-lieu général. Elle a suscité entre temps un travail critique intense, associé à des mutations profondes de la médecine et elle a engagé une interrogation des rapports entretenus par notre société avec le monde de la santé. Nous explorons « de l'intérieur» cette affaire, en revenant sur l'expérience qu'en ont eue ses acteurs les plus directs -les médecins de l'hémophilie, l'Association française des hémophiles, les patients et leurs proches -, en étant attentif à la réflexivité qu'ils ont déployée sur cette épreuve. Cette recherche montre en quoi leur engagement à l'égard de la médecine et de la science en a été transformé