L’exposé est centré sur l’influence des valeurs sur le système du savoir scientifique, autrement dit du poids (de l’effet) de ces valeurs, et inversement sur l’influence de la science sur l’estimation des valeurs, autrement dit son impact sur les valeurs. Du côté du poids, les valeurs épistémiques, telle la puissance de l’explication, sont essentielles comme aussi les règles de la communauté scientifique, dans l’examen des exigences de validité. Relativement à ces règles, la communauté scientifique sera souvent qualifiée de « société ouverte », caractérisée par sa transparence et son sens de l’égalité. Quant à l’impact des valeurs, la science est passée pendant longtemps pour la force de la raison, libérant les hommes des contraintes de la tradition et du despotisme. Dans les dernières décennies, elle s’est au contraire souvent trouvée au contact de valeurs profondément différentes et régie, dans des conflits sociétaux, par des intérêts économiques unilatéraux et partisans ; en plus elle sera fréquemment dépassée par la complexité des problèmes pratiques. L’opinion proclame alors que la science est vénale, se met au service des autorités politiques, et en face de défis difficiles et complexes, connait assez fréquemment un échec. Ma thèse défend l’idée que l’apport actif d’un espace pluraliste représente un pas vers la renaissance du vieux pacte entre la science et les valeurs des Lumières. Le pluralisme est particulièrement indiqué pour se protéger de l’arrogance d’experts et réaliser un dialogue avec des citoyens doués de critiques.